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article de messaoudi djaafar5

La loi à l'algérienne !

Par Messaoudi Djaafar

voù l'intelligence semble bien déborder des crânes néandertaliens de nos responsables, qui se vantent de surcroît d'être les promoteurs par excellence de la démocratie, on s'ingénie à inventer des lois afin d'entraver la vie des citoyens et d'empêcher la dénonciation des dérives de nos responsables !

Qui peut oublier la fameuse loi d'Ouyahia, votée il y a quelques années de cela, et destinée à museler la presse indépendante qui, pourtant, contribue à l'ancrage de la vraie démocratie dans notre société et ce en promouvant la diversité d'opinion et en exerçant un contrôle sur nos dirigeants toujours tentés par la corruption ? Et comme si cette loi n'avait pas atteint parfaitement son objectif, monsieur le Ministre récidive quelques années après et rédige un brouillon de loi qui pénalise encore plus lourdement les délits de presse. Résultat : beaucoup de journalistes (Ghoul, Benchicou, etc.) ont été condamnés depuis à de lourdes amendes ou à de lourdes peines de prison.

Et lorsque les travailleurs de certains secteurs lésés, comme l'enseignement, commencent à se mobiliser pour reconquérir leurs droits les plus légitimes, le duo Louh-Benbouzid s'entendent pour bloquer l'agrément des syndicats autonomes (CNAPEST et CLA) sous prétexte que ces deux syndicats n'ont pas respecté certains articles de la loi algérienne. Ensuite, comme pour faire reculer toute initiative allant dans le sens de la revendication des droits des travailleurs, le génie M. Louh brandit l'arme de la dépermanisation des postes de travail. Son message est très clair. Il voulait tout simplement dire aux travailleurs : " Gare à vous, dans le futur très proche on vous licenciera à la moindre agitation ! Ce ne sont pas les motifs qui manquent en cette ère de la mondialisation ".

Et plus récemment, après la mise en pratique de ce qui conviendrait d'appeler la charte pour la constitutionnalisation de l'impunité, la loi est encore une fois dégainée par nos braves gouvernants pour cogner plus fort sur la tête de tous ceux qui osent refuser de tendre la main aux sanguinaires que le régime lui-même a fabriqués à des fins inavouées.

Ceci dit, on n'aura donc pas tort de penser que la loi algérienne est, d'un côté, étalée sous les pieds de nos responsables comme un tapis rouge qui mène vers le podium des privilèges et des richesses, et d'un autre côté, suspendue au-dessus des têtes des simples citoyens comme l'épée de Damoclès, qui menace de tomber à chaque faux mouvement. Ce qui nous pousse alors à nous demander si vraiment cette loi est digne du moindre respect.

(1) Ali André Mecili : ancien officier du MALG. A rejoint le maquis du FFS (1963-65) alors qu'il était cadre de la SM. Il fut exécuté en plein Paris le 7 avril 1987 par les services algériens.

Extraits du code pénal voté par l'A.P.N. (Assemblée Populaire Algérienne) en 2001.
(in LIBERTE, 22.04.2001)

Article 144 bis :

"Est puni d'emprisonnement de un à trois ans et d'une amende de 100.000 à 1.000.000 de dinars ou de l'une de ces deux peines seulement toute personne qui offense le président de la République par une expression outrageante, injurieuse ou diffamatoire, que ce soit par voie d'écrit, de dessin, de déclaration ou de tout autre support de la parole ou de l'image ou que ce soit par tout autre support électronique, informatique ou informationnel."

Article 144 bis 1 :

"Lorsque le délit mentionne dans l'article 144 bis est commis à travers une publication quotidienne ou hebdomadaire ou mensuelle ou autre, la poursuite judiciaire est engagée à l'encontre de l'auteur du délit, des responsables de la publication et de sa rédaction ainsi que centre la publication elle-même. Dans ce cas, l'auteur du délit est condamné à une peine de prison allant d'une année à trois ans et d'une amende de 100.000 à 1.000.000 de dinars ou l'une des deux peines. La publication est condamnée automatiquement de 500.000 à 5.000.000 de dinars. Les pouvoirs publics engagent automatiquement la procédure des poursuites judiciaires et en cas de récidive, les peines de prison et d'amende précitées vont doubler."

Article 146 :

"Si l'humiliation, l'insulte à la diffamation portées par le biais des moyens cités dans les articles 144 bis et 144 bis 1 sont dirigées à l'encontre du Parlement ou l'une de ses Chambres, contre les cours de justice ou les tribunaux, l'ANP ou toute institution publique ou tout autre corps constitué, les mêmes peines citées dans les articles précédents sont appliquées. En cas de récidive, les peines de prison et d'amende sont doublées."

Article 298 :

"Pour une diffamation dirigée à l'encontre des individus, la condamnation est d'une peine de prison allant de cinq jours à six mois et d'une amende de 5.000 à 50.000 dinars ou de l'une des deux peines. Pour diffamation dirigée à l'encontre d'une personne ou plus appartenant à un groupe racial ou doctrinal ou à une religion quelconque, la condamnation est d'une peine de prison allant d'un mois à une année et d'une amende de 10.000 à 100.000 dinars ou de l'une des deux peines s'il y a une volonté d'incitation à l'intolérance entre les citoyens ou les populations. "


Commentaires :


Par Messaoudi Djaafar

À l'instar de tous les régimes totalitaires dans les pays musulmans et arabes, le pouvoir algérien légifère et vote dans un simulacre de débat public des lois qui le protègent contre la critique et la dénonciation des simples citoyens qui prennent chaque jour conscience de la véritable source de leur mal. Et le plus révoltant encore est que ces lois sont quotidiennement violées par leurs propres auteurs sans qu'il y ait la moindre réaction de la part de l'institution judiciaire sensée veiller sur le respect des lois de la république. C'est que la justice est aussi au service du pouvoir dans notre pays.

On n'a pas besoin d'une grande intelligence pour comprendre que les trois premiers articles susmentionnés ne sont destinés qu'à dissuader les gouvernés d'exercer leur contrôle sur leurs dirigeants. Car empêcher les citoyens de dénoncer la mauvaise gestion, la corruption, et toutes autres dérives de leurs responsables, assure à ceux-ci l'impunité et surtout la continuation de l'utilisation à des fins personnelles et la dilapidation des richesses nationales, propriétés de tous les Algériens.

Et si on compare les trois premiers articles au dernier article, on se rend compte que les peines sont extrêmement lourdes quand il s'agit d'un délit commis contre les responsables et très légères quand il s'agit d'un délit commis à l'encontre des gens ordinaires. On conclue donc qu'Ouyahia (Chef de Gouvernement) - car c'était bien son projet alors qu'il était ministre de la Justice - entendait détourner les regards des citoyens de leurs gouvernants et les diriger vers leurs semblables, les citoyens. Une manière très ingénieuse d'encourager les dissensions au sein du peuple afin de mieux le contrôler.

Voici maintenant quelques cas qui démontrent clairement que le régime algérien est un régime hors-la-loi et qu'il ne crée des lois que pour se protéger de la colère du peuple et assoire durablement son autorité sur celui-ci :


1. On se rappelle bien que dans sa déclaration qui a suivi l'assassinat du jeune Guermah Massinissa dans la brigade de la gendarmerie en avril 2001, le ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni, a bel et bien traité la victime de voyou. Or, il s'est avéré après que ce " voyou " n'est autre qu'un lycéen, et un brillant élève de surcroît. Une insulte de cette taille et de plus dirigée à l'encontre d'un individu exécuté injustement par les services dits de l'ordre, ne mérite-t-elle donc aucune peine ?


2. Et quelques heures après la grandiose marche des Arches sur la capitale Alger, un certain 14 juin 2001, ce même ministre intervient dans JT de la chaîne " publique ! " ENTV, pour féliciter les Algérois imprégnés de civisme et de patriotisme d'avoir prêté main forte aux agents de la CNS pour protéger " leur " capitale et repousser ces barbares vers leurs montagnes lointaines. Le contenu de cette intervention ne constitue-t-il pas une incitation au régionalisme et à la haine raciale ? Pourquoi ce sinistre ministre n'est-il pas inquiété par la justice ?


3. Durant les mêmes événements, la gendarmerie nationale s'ingénie à tourner des scènes burlesques où l'on montre des manifestants kabyles entrain d'attaquer des agents de sécurité sans que ceux-ci lèvent le petit doigt pour riposter ! Ou d'autres scènes encore où l'on voit des gendarmes entrain de secourir des manifestants blessés ! Pourquoi les auteurs de ces vidéo-clips et le responsable de la télévision (qui a d'ailleurs avoué l'année passée son erreur) qui les a montrés au public ne sont pas poursuivis pour diffamation et incitation au racisme ?


4. Enfin, en deux occasions, à Tizi-Ouzou puis à Constantine, le Président Bouteflika a fait deux déclarations provocantes dont la première a rallumé le brasier en Kabylie pendant des semaines. Pourquoi la justice ne s'est-elle pas manifestée pour condamner le Chef de l'Etat pour ses propos irresponsables ?

Pour finir, et même au risque de me voir condamné pour incitation à la rébellion, je me sens dans l'obligation de dire que le peuple algérien en général et les Kabyles en particulier devraient désormais refuser de se plier à de telles lois. De cette manière, nous contraindrons nos responsables à revoir les textes de lois qu'ils ont rédigés et contribuerons à l'instauration d'une véritable justice indépendante.

source: http://www.monde-berbere.net/juridique1A1.htm


18/09/2008
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article de messaoudi djaafar4


Sur l’étymologie du mot « amazigh »

Le terme « amazigh » n’est pas l’invention du colonialisme français comme le disent certains ‘intellectuels’ arabes imbus des idées assimilatrices du panarabisme, mais il est bien l’appellation des habitants de l’Afrique du Nord depuis la nuit des temps.

Ce terme figure dans les textes/inscriptions de l’Egypte pharaonique de la période de Ramsis III, sous forme de Macwc, dans les textes grecques et latins de l’antiquité dans lesquels il apparaît sous diverses formes :Mazyes (Hécatée-VIème siècle A.C.), Maxyes (Hérodote-Vème siècle A.C.), Mazax, Mazaces, Mazikes (v. Dictionnaire latin :956) et dans les textes arabes du Moyen Age, comme ceux écrits par Ibn-Khaldoun. Il est actuellement le terme par lequel se désignent les locuteurs de tamazight dans plusieurs régions de la Berbérie, comme à Sened (Tunisie), au Djebel Nefoussa (Libye), à Touat (Algérie), au Moyen Atlas (Maroc), et au Sahara (Algérie, Mali, Niger).

Plusieurs hypothèses ont été déjà formulées au sujet de l’ethnonyme « amazigh », mais toutes, nous semble-t-il, sont dépourvues d’arguments convaincants, à l’exception d’une seule qui mérite d’être mentionnée ici et même d’être soutenue par nos propres arguments : c’est celle avancée par F. Nicolas en 1950 et reprise par K. Prasse en 1972 et par S. Chaker en 1991.

Selon ces auteurs, « amaziγ / amajeγ » serait issu du verbe berbère « jjeγ » qui signifie dans le parler du Sud Algérien, d’Iwelmiden, « marcher d’un pas altier / noble ». Cependant, comme l’a déjà expliqué S. Chaker (v. Chaker, 1996 :131), il est exclu qu’un nom d’agent de structure aMaCiC/ aMaCeC soit dérivé d’un verbe à initiale tendue, car ce genre de verbes donnent normalement des noms d’agent de structure aMaCCaC, e.g. : « îîes à amaîîas (K.) » . Il faut alors chercher un lexème verbal dont l’initiale est non-tendue. Le lexème en question est bel et bien celui mentionné par Chaker , à savoir « jeγeγ » qui signifie « être brave / intrépide » (v. Alojali, 1980 :83) ; c’est en fait lui qui, par assimilation progressive, a donné la variante « jjeγ » .

à première vue, le rattachement de « amaziγ / amajeγ » au verbe « jeγeγ » parait ne pas convenir, car ce lexème-ci donnera plutôt « amajeγeγ » qui n’est attesté dans aucun parler amazigh actuel. Cependant, nous sommes quasiment certains que c’est à partir de ce nom d’agent synchroniquement anormal que s’est développé l’ethnonyme en question. Notre hypothèse est fondée sur un phénomène très courant en amazigh : l’apocope. L’apocope, qui affecte les radicales dites faibles (v. Taïfi, in Awal, 1990 :228), consiste en la chute d’un ou plusieurs phonèmes à la finale d’un mot. Ce phénomène est attesté dans beaucoup de paires comme : « vfut / tavfi ; iγzif / teγzi ; tukerva / aker » ; etc.

« Amajeγeγ » serait donc la forme primitive ;

Donc, en guise de récapitulation, nous avons la série dérivationnelle suivante : « jeγeγ à (jjeγ) à amajeγeγ/ à amajeγ à (amaçeγ, amaheγ, amaziγ) ». Notez que cette série est ordonnée en commençant par la forme supposée la plus primitive à la moins primitive.

Par Messaoudi Djaafar
source: http://www.souss.com/forum/forum-linguistique/6053-sur-l-etymologie-du-mot-amazigh.html

18/09/2008
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article de messaoudi djaafar 3

L’après constitutionnalisation de tamazight

jeudi 19 octobre 2006, par Djaafar Messaoudi


Observation : L’article suivant a été rédigé en 2002 et publié dans la revue "izûran", mais il demeure encore d’actualité.

L’après constitutionnalisation de tamazight

Proposé par l’auteur, Messaoudi Djaafar

Tout d’abord, afin de juger à sa juste valeur la mesure prise par le Chef de l’État lors de son discours du 12 mars 2002 et démesurément amplifiée par ses relais (médias lourds et certains politicards) dans le but d’apaiser les esprits et rendre possible la tenue de la mascarade électorale du 30 mai en Kabylie, nous avons le devoir de préciser que la constitutionnalisation de tamazight langue nationale ne constitue en réalité qu’une infime avancée de la cause pour laquelle nous avons tant lutté et tant souffert ; le plus important pour tamazight a été intentionnellement éludé. C’est-à-dire, si l’État avait eu la volonté de prendre sérieusement en charge la langue amazighe, il aurait fait suivre la mesure suscitée par d’autres encore plus urgentes et plus utiles pour notre langue, à savoir :

1 - L’officialisation de la notation consacrée par l’usage :

L’histoire de la notation à base latine remonte à plus de 150 ans. Depuis les premières années de l’invasion française de l’Afrique du Nord, des sociologues el des linguistes venus d’Europe et travaillant sous les ordres des autorités militaires sillonnaient les territoires berbérophones dans le but de connaître la société et la langue amazighes pour mieux maîtriser les Berbères qui leur montrèrent une farouche résistance. Comme résultat des missions effectuées par ces européen-là, beaucoup d’ouvrages (livres contenant des textes en berbère, manuels de grammaire, dictionnaires bilingues) transcrits en alphabet latin modifié, virent le jour.

Après l’indépendance, des intellectuels kabyles - tous francophone - prirent la relève et se lancèrent dans l’écriture en leur dialecte en utilisant bien sûr les caractères latins. Ainsi, largement diffusés par les écrits des linguistes et des écrivains, lesdits caractères ont aujourd’hui fini par envahir même l’environnement (voir en Kabylie panneaux routiers, enseignes de boutiques, graffitis, emballage de certains produits de consommation, etc.), pour cette raison, et de surplus en raison de l’absence de toute autre notation concurrente sur le terrain, la notation à base latine s’impose par elle-même. Il va de soi que le choix de toute autre notation signifiera la mise à mort de tamazight.

Ceci dit, il est par conséquent très urgent que l’État, par la force de la loi, tranche en faveur de la notation susmentionnée. Par pareille décision, il coupera court à toute spéculation qui viserait à empêcher tamazight d’acquérir le statut de la langue officiellement écrite1.

2 - L’officialisation de la langue amazighe :

En l’absence, depuis la nuit des temps, d’un vrai Etat amazigh qui aurait pu empêcher le processus de dialectilisation de se déclencher, ou du moins de se développer à une cadence infernale, tamazight s’est éparpillée en plusieurs parlers locaux. Et bien que ces parlers ne soient pas aujourd’hui tout à fait distincts, il en demeure quand même des barrières assez importantes qui rendent difficile l’intercompréhension lorsqu’on se déplace d’une région à l’autre de la berbérie.

Certains pensent qu’il est possible d’unifier les dialectes qui regroupent lesdits parlers en les développant ensemble et en même temps. Il suffit uniquement de se baser sur les affinités et renforcer la procédure par l’introduction des mêmes néologismes dans les dialectes concernés pour que ceux-ci se convergent et s’unifient de nouveau en fin de parcours.

En réalité, ce ne sont là que des illusions : les dialectes en question peuvent certes s’unifier sur le plan lexical et encore relativement, et après un laps de temps qui peut s’étendre sur des siècles, mais qu’en serait-il de la grammaire et de la prononciation qui sont aussi des facteurs décisifs dans l’intercompréhension ? Les adeptes de la méthode précitée ne les ont pas pris en compte, ce qui rend donc illusoire l’objectif visé à travers leur procédure.

A mon avis, la solution la plus pratique et la plus immédiate serait plutôt le choix d’un seul dialecte puis sa généralisation par l’enseignement, Mais afin que ce choix ne soit pas entaché de subjectivité, il doit reposer sur des critères établis à partir d’une étude sociolinguistique de tamazight.

L’étude que nous avons effectuée dans ce but-ci nous a permis de ressortir 5 critères, à savoir : (a) l’existence d’une tradition d’écriture au sein des locuteurs des dialectes cibles : (b) l’existence d’une littérature écrite ; (c) la disposition des communautés concernées de médias, en particulier la télévision et la radio, (d) l’étendue géographique et la notoriété des dialectes présentés au choix et (c) la part du sacrifice de chaque communauté pour tamazight.

A travers cette étude, nous avons constaté que le seul dialecte qui répond aux critères suscités est bel el bien le kabyle. Les Kabyles sont en effet les premiers parmi tous les Berbères à avoir entrepris l’écriture en leur dialecte. En fait, depuis la deuxième période des années 40, les érudits kabyles, dont Boulifa et Mouloud Mammeri, écrivaient en leur dialecte, transcrit en caractères latins, tout ce qu’ils rassemblaient en matière de poésie et contes populaires kabyles. Ensuite, une nouvelle génération d’écrivains et de chercheurs, dont Salem Chaker, Kamal Nait Zerrad et Amar Mezdad apparut pour continuer l’oeuvre entamée par les pionniers susnommés. Résultats, beaucoup d’ouvrages (recueils de poésie, nouvelles, romans, dictionnaires, etc.), écrits en kabyle, transcrits en caractères latins modifiés, furent édités. On peut dire donc qu’aujourd’hui le kabyle dispose d’une tradition d’écriture et d’une littérature écrite assez importantes, ce qui le rend comme le dialecte le plus apte à devenir la langue commune des Berbères en Algérie.

A cela s’ajoute le fait que le kabyle est le premier et le seul parmi les dialectes berbères à avoir eu accès au domaine de l’audiovisuel. en plus de la radio chaîne II héritée du colonialisme, ledit dialecte dispose actuellement d’une autre station radio et d’une chaîne de télévision émettant depuis la France (BRTV). Le kabyle jusqu’à nos jours le seul utilisé au cinéma (films : Adrar n Baya, Tawrirt yettwattun, Macahu). Sans oublier qu’il est également aujourd’hui l’unique dialecle utilisé dans la presse (titres : Izuran, ABC-Amazigh,...).

En outre, contrairement aux autres dialectes confinés dans leurs régions en raison du conservatisme sclérosant qui empêche la plupart des locuteurs d’avoir des contacts avec les étrangers (voir les Mozabites) et du sentiment de dévalorisation qui accompagne d’autres locuteurs (voir les Chaouis et les Chenouis) les obligeant d’adopter d’autres langues que la leur toutes les fois qu’ils se déplacent hors de leur environnement immédiat, le kabyle s’est déployé pour atteindre même l’Europe et le Canada2 où une forte communauté kabylophone vit pleinement son identité amazighe i.e. ; par la pratique de la langue maternelle, l’attachement aux coutumes ancestrales et la lutte, avec toutes ses formes pacifiques, en faveur de tamazight.

Le dialecte kabyle est aussi la langue de l’intelligentsia berbère (M.Mammeri, M.Feraoun, T.Djaoul, S-Chaker.A.Abdenour, etc.), des politiciens de renom (H.Ait Ahmed, S.Sadi, M. Aït Larbi, A.Y-Abdenour, M. Issaad, etc.) et des artistes célèbres (Ait Menguellet, Matoub, Idir, Takfarinas, Ferhat, etc.)3 qui ont tous contribué à la diffusion et à la notoriété dudit dialecte aussi bien en Algérie qu’à l’étranger.

Finalement, la Kabylie est la seule région berbérophone qui a tant lutté et tant souffert pour la cause berbère. Qui de nos jours ignore la signification du Printemps berbère, un 30 avril 1980 où des étudiants kabyles, ayant soulevé le problème identitaire, furent attaqués à l’enceinte même de l’université de Tizi-Ouzou par une horde de bâtards à la solde d’un régime extrêmement opposé à tamazight ? Et aujourd’hui, alors que les Kabyles offrent jusqu’à leurs vies pour que vive tamazight, les habitants des autres régions berbérophones continuent de s’enliser dans leur propre mutisme comme si cette langue leur est totalement étrangère. Il va de soi donc que c’est le dialecte des Kabyles qui mérite d’être promu au rang de la langue commune.

L’État algérien est par conséquent appelé à appliquer immédiatement celle mesure ; et la meilleure façon pour que sa décision ait un écho dans toute l’Algérie c’est d’émettre un décret présidentiel ou ministériel donnant officiellement le statut de la langue nationale et officielle (à côté de l’arabe) au dialecte kabyle.

3 - La création d’une académie de langue amazighe en Algérie :

Une telle institution aura pour mission de veiller sur l’épanouissement, le développement et la vulgarisation de tamazight. Elle émettra des recommandations concernant la langue (diffusion de normes de bon usage), elle enrichira la langue par la récupération des unités lexicales tombées en désuétude ou en voie de disparition et par l’introduction des néologismes, elle s’occupera du contrôle des publications afin, au moins, de réduire les écarts par rapport a la norme de la langue standard, elle encouragera la production littéraire scientifique / linguistique en organisant régulièrement des colloques et des concours de meilleures œuvres, etc.

Pour que son travail soit efficace, ladite institution doit réunir de véritables spécialistes en langue et culture amazighes. Quant à l’État, si vraiment il a de bonnes intentions envers tamazight, il doit mettre à la disposition desdits spécialistes tout ce dont ils auront besoin pour l’accomplissement des tâches qui leur sont confiées.

4 - Le déverrouillage du champ médiatique :

La télévision et la radio, à côté de l’école, jouent un rôle extrêmement important dans la vulgarisation et le développement de la langue. Pour cette raison, la première action à entreprendre dans ce domaine, si l’État entend effectivement à mettre tamazight à pied d’égalité avec l’arabe, est le renforcement du paysage médiatique algérien par une chaîne de télévision publique en langue amazighe, laquelle chaîne doit être dotée, comme l’ENTV, de tous les moyens : humains, structurels et financiers.

En plus, l’État doit ouvrir ce secteur sensible aux hommes d’affaires afin qu’ils créent, à l’instar de la BRTV installée en France, leurs propres chaînes de télé vision en tamazight.

Concernant la radio, l’État a le devoir avant tout d’améliorer les infrastructures de la chaîne II qui, actuellement, n’est même pas captée convenablement en Kabylie4. En outre, les autorités doivent la doter en personnels qualifiés et en moyens financiers afin de pouvoir réaliser des émissions a la hauteur de son public, Ensuite, comme pour la télévision, l’État doit réfléchir à ouvrir les voies aux privés pour qu’ils puissent investir dans la création de chaînes, à l’étendue nationale nu régionale, en langue berbère.

5 - L’encouragement des activités culturelles amazighes :

Il existe en Algérie, dans les domaines du théâtre et du cinéma, des acteurs et des réalisateurs berbérophones de haut niveau5. Ce qui manque ce sont plutôt des locaux où l’on peut s’exercer et exercer son métier. Pour cela, l’État est appelé à construire - ou à laisser le privé construire - des théâtres et des studios pour le besoin de la réalisation et / ou du doublage de films en langue amazighe. En plus, l’État doit lever toute contrainte susceptible de gêner un producteur de films amazighs6. En fait, l’importance des facilités que les autorités compétentes doivent offrir à un producteur réside dans le fait qu’elles incitent les autres producteurs à s’impliquer dans l’expérience, certes très récente mais très prometteuse, de ta production de films en langue berbère.

6 - L’introduction de tamazight dans l’environnement :

Si la Kabylie a déjà avancé d’un grand pas dans ce domaine, il reste d’autres régions, de surcroît amazighophones, qui n’ont jamais connu une telle expérience. Pour cela, et afin de concrétiser le caractère national de tamazight, l’État doit lancer une campagne de berbérisation de l’environnement (noms de villes et villages, de rues, d’institutions, de boutiques, de cours d’eau, etc.) à l’échelle nationale. Et pour que cette opération se réalise sur le terrain, elle doit être renforcée par une loi, comme celle obligeant tout commerçant d’écrire en arabe le nom de son activité sur l’enseigne de sa boutique.


Notes :

1. Un groupe de pseudo-linguistes islaino-baathistes qui n’ont jamais rien apporté à tamazight a récemment monté sur scène appelant à l’adoption des caractères arabes.

2. A titre d’exemple, le Club Amazigh Averroès de Montréal a adressé une lettre au Ministre français de l’éducation, M Jack Lang, dans laquelle il soutient l’enseignement de tamazight en France où cette langue existe déjà comme épreuve facultative au baccalauréat,

3. La chanson de "A-yemma ṣber ur ttru", de Farid Ali, a été chantée même par des Chinois lors d’une semaine culturelle chinoise à Alger dans les années 80.

4. L’État algérien a investi des sommes colossales d’argent dans la création des trois (la quatrième étant en voie de réalisation) chaînes de télévision utilisant l’arabe et le français, comme il a renouvelé l’infrastructure des radios chaîne I et chaîne III, mais il continue de tourner son "derrière" a tout ce qui peut développer tamazight.

5. Rappelons que la gloire de la plupart des films et pièces théâtrales de l’Algérie post-indépendante a été faite par des acteurs kabyles (Rouiched, M. et S. Hilmi, H. El Hassani, S-A. Agoumi, Ch Nordine, A. Kadri dit Qriquech, etc.).

6. Qui ne se rappelle des entraves qu’a connues le film « tawrirt yettwattun » de Bouguermouh, juste avant et pendant sa réalisation ?

source: http://www.kabyle.com/spip/spip.php?article11235


18/09/2008
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artile de messaoudi djaafar2

Appauvrir la Kabylie en détruisant son patrimoine forestier !

Halte à la destruction de notre patrimoine forestier en Kabylie !

dimanche 1er octobre 2006, par Djaafar Messaoudi

Après l’alcolisme, la drogue, la débauche, la destruction de nos forêts constitue une autre stratégie appliquée par l’Etat algérien pour rendre la Kabylie plus vilaine et plus pauvre que jamais, afin de nous obliger à nous cramponner à l’Etat central pour notre survie et ne laisser aucune chance pour l’émergence des idées autonomistes.

En quatre mois, la Kabylie dénombre pas moins de quarante trois incendies de sources officielles.

Voici un léger mieux constaté par rapport à l’année passée durant laquelle plus de 469 hectares avaient été détruits, dont 11 ha de forêt, 227 ha de maquis et 229 ha de broussailles.

En 2006 on enregistre tout de même encore la destruction par le feu 18 ha de maquis, 28 ha de broussailles et 7 ha de forêts.

La forêt de Tarziza, dans la commune de Boutlèlis, a été la plus touchée puis celles de Coca cola et celle de Madagh où l’on a dénombré plus de 20 incendies

Ce phénomène historique de pyromanie en Kabylie laisse penser au citoyen kabyle que les autorités algériennes s’ingénient à détruire ses forêts sous prétexte de combattre le terrorisme.

Des villageois affirment avoir vu des soldats s’adonner à ces actes de pyromanie en toute impunité.

Une géostratégie des feux de forêts serait très intéresante au demeurant. On y constaterait des actes bien ciblés qui ne font de doute à personne tant le phénomène n’est pas spécifique à la Kabylie mais s’applique sur des zones frontalières ou suceptibles d’abriter des terroristes.

Notre si verdoyante Kabylie, dans son ecosystème rarissime en Afrique est en péril. Les clichés satellites ont de quoi effrayer.

Ce serait peu mentir que de signaler la situation affligeante dans laquelle se trouve la Kabylie. Nous la voyons sous nos yeux se transformer en un immense rocher sans vie. Il est donc urgent que nous la prennions en charge pour sauver ce qui peut être sauvé.

Un financement, un soutien, un site internet, une campagne éducative en langue kabyle sur l’environnement, une communication kabyle auprès des institutions internationales sont impératives pour faire face à la volonté de faire de la Kabylie une région non seulement appauvrie mais maintenant sale et propice à décourager le monde rural kabyle ou des politiques alternatives citoyennes.

par Djaafar Messaoudi - Kabylie

source: http://www.kabyle.com/spip/spip.php?article11185


18/09/2008
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article de Messaoudi djaafar

Le plan du Pouvoir pour briser la Kabylie

Contrairement aux autres régions d'Algérie où les populations sont dociles en raison de plusieurs facteurs dont leur inculture dans le domaine des droits de l'homme, leur croyance exagérée en la fatalité et leur résignation absolue, la Kabylie a de tous les temps suscité l'inquiétude et la méfiance du Pouvoir algérien, car elle a toujours été revendicatrice. Ainsi, pour éviter que la conscience des Kabyles contamine les autres populations, ce qui ébranlera certainement les fondements du totalitarisme dans notre pays, le régime algérien s'est engagé à la fois dans plusieurs batailles contre la Kabylie. Dans l'une, il exerce un blocus multidimensionnel sur la région; dans l'autre, il mène une campagne de diabolisation contre elle à l'échelle nationale et internationale; dans l'autre, il oeuvre pour sa déstabilisation et sa dislocation à l'intérieur; et dans l'autre encore, il s'active pour la vider de ses élites. Voici en détail le plan destiné à briser la Kabylie, comme établi par ceux qui ont érigé la division, la dissension, la corruption, le pourrissement, l'intimidation, la violence et le meurtre en mode de gouvernance.

1. Incitation à la violence et à la perversion.

On se rappelle très bien qu'après l'assassinat du jeune Guermah dans les locaux de la gendarmerie, le ministre de l'Intérieur, M. Zerhouni, au lieu de calmer les esprits, a jeté de l'huile sur le feu en déclarant la victime comme un vulgaire voyou. Puis comme si les émeutes et les morts provoqués par cette déclaration irresponsable n'ont pas assouvi la haine que porte le Pouvoir pour la Kabylie, le premier magistrat du pays, M. Bouteflika, vient à Tizi-Ouzou pour dire " niet " à l'officialisation de tamazight et devant des figures emblématiques de la cause berbère qui, sans doute, étaient piégées. La réponse à cette provocation qui porte en elle le germe de la division est immédiate : la Kabylie s'embrase de nouveau et le chantre Aït Menguellet subit la colère des Kabyles pour avoir assisté au discours insultant du Chef de l'Etat. Celui-ci, fidèle à sa politique divisionniste, revient à la charge quelques années plus tard, c'est-à-dire récemment dans son meeting à Constantine, et confirme son opposition à l'officialisation de la langue mère des millions d'Algériens. Par ses propos provocateurs, il espérait sans doute pousser la Kabylie vers le chaos pour avoir refusé de cautionner la charte de la honte qu'il a confectionnée afin de protéger son régime et ses alliés islamistes contre les victimes du terrorisme dont le mouvement ne cesse de s'amplifier et de mieux s'organiser. Dieu merci, son espoir est vain cette fois-ci ! Sur un autre front, le Pouvoir s'engage dans une autre batail déstabilisatrice; il s'agit pour lui de créer un faux problème qui puisse provoquer la haine et la violence parmi les citoyens de la Kabylie et entre ceux-ci et leurs élus locaux, afin de se frayer le chemin vers le contrôle de la région, lequel contrôle est depuis l'avènement du pluralisme en Algérie est entre les mains de deux partis, à savoir le FFS (Front des Forces Socialistes) et le RCD (Rassemblement pour la Culture et la Démocratie). Ainsi, le représentant du Pouvoir, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, un originaire de Kabylie, s'accorde avec l'aile dialoguiste du mouvement citoyen mené par Abrika pour révoquer les élus locaux (majoritairement du FFS et du RCD) considérés depuis comme indus. Dans cette combine, le Pouvoir s'est appuyé entièrement sur ses hôtes, novices en politique dois-je préciser, qu'il a aveuglés avec l'officialisation illusoire de tamazight afin d'accepter de dresser la population kabyle contre ses élus.

Ce plan diabolique a réussi à envenimer les relations entre les militants du mouvement citoyen et ceux du FFS et du RCD, autrement dit entre les Kabyles et leurs frères kabyles, jusqu'au jour où, depuis Constantine, comme pour signer la fin de la mission des dialoguistes, le Président de la république a brisé le charme entretenu par le Chef du gouvernement sur Abrika et ses compagnons. Ceux-ci sont enfin conscients de la grande farce dont ils sont victimes, mais ils se trouvent dans l'impossibilité de changer les choses; tamazight n'est pas officialisée et les élections partielles auront bien lieu dans le courant de cette année, à la grande joie du Pouvoir qui se prépare dès maintenant pour l'envahissement de la Kabylie qu'il compte mettre à genou à tout prix. Une autre méthode que le Pouvoir est entrain d'employer contre la Kabylie est la création d'un climat d'insécurité. Les forces de l'ordre (police, gendarmerie, armée) ferment les yeux, voire encouragent tout ce qui peut nuire à la région : culture de plants et vente de la drogue, alcoolisme, débauche, racket, vol et agression. On voit bien parfois les déplacements des convois de l'ANP (Armée Nationale Populaire) et les interventions bruyantes de la gendarmerie, mais ce ne sont en fait que des manœuvres destinées à tromper la population locale. Des preuves ne manquent pas : premièrement, non seulement les narcotiques se vendent partout par des personnes connues des services de sécurité en raison des plaintes et dénonciation des citoyens, mais se cultivent aussi sans aucune appréhension de la loi qui n'autorise pas ce genre de culture. Selon les dires du leader du RCD, lors de sa campagne anti-référendaire, il existe en Kabylie 17 parcelles de terrain destinées pour la production de la drogue. Deuxièmement, on voit en Kabylie une prolifération alarmante des lieux de débauche et d'enivrement. Et comme si bars et cabarets, employant d'ailleurs toutes sortes de personnes " dites de moeurs légères " susceptibles de transmettre des maladies sexuelles, ne suffisent pas pour la perversion programmée des citoyens kabyles, les autorités ferment les yeux sur l'installation illégale, le long des routes nationales et à l'entrée et sortie des villes et villages, de cabanes qui servent de l'alcool à tout venant, y compris aux adolescents. Ainsi, sous l'effet des stupéfiants et de l'alcool, nos jeunes se bagarrent entre eux et commettent d'autres méfaits plus graves comme le vol à main armée, le tapage nocturne, la provocation extrême des filles non accompagnées, la destruction des biens publiques, etc. Même notre environnement est désormais défiguré par des milliers de bouteilles de bière que jettent nuit et jour les ivrognes fabriqués par le régime.

La Kabylie ressemble en cela à une véritable réserve indienne où les habitants sont abandonnés à leur propre sort. Troisièmement, on a remarqué ces dernières années la multiplication, dans la région, de " vrais faux " barrages destinés à racketter les citoyens. Le plus étonnant est que ces barrages, bien qu'ils soient si réguliers dans leur fréquence et leur place, n'attirent jamais l'attention des forces de sécurité au bon moment. Les bandits font leur sale besogne en toute quiétude et l'armée intervient quelques jours après en bombardant à tort et à travers les maquis, brûlant nos forêts et disséminant les troupeaux de nos bergers.

2. Isolement de la Kabylie

Cet isolement se manifeste sous plusieurs formes. Tout d'abord, pour inciter les Algériens des autres régions à diaboliser les Kabyles et à ne pas se solidariser avec eux lors de leurs révoltes contre le régime en place et les descentes punitives des forces dites de l'ordre qui s'ensuivent, le Pouvoir leur décrit la Kabylie comme une région sécessionniste, athée et dépourvue de tout esprit patriotique. Qui ne se souvient des attaques, lors du semblant de débat de l'APN (Assemblée Populaire Nationale) sur les événements de Kabylie, de certains partis acquis au Pouvoir contre le FFS dont le leader, Hocine Aït Ahmed, est accusé de haute trahison pour avoir réclamé une enquête internationale sur les dépassements des forces dites de sécurité? Je me rappelle aussi que lors de la grandiose marche du 14 juin 2001 sur la capitale, les capturés parmi les manifestants ont été contraints par les agents de la CNS (Compagnie Nationale de Sécurité) de se déclarer juifs en contrepartie de leur libération! En fait, les esprits des Arabes algériens (à inclure aussi une bonne partie de Berbères) ont été de tout temps minés par de pires idées contre les Kabyles et on ne peut les énumérer toutes ici. L'isolement de la Kabylie est apparent également dans le maigre investissement de l'Etat dans la région. L'Etat n'attribuant des budgets qu'en fonction de la docilité, voire d'assujettissement d'une région, la Kabylie, connue pour sa rébellion, se voit ainsi privée presque de toute assistance de l'Etat et ne survit - heureusement ! - que grâce à l'argent des immigrés. Il y a un autre aspect de l'isolement imposé par le Pouvoir sur la Kabylie. À chaque scrutin boycotté par les Kabyles en raison des pratiques anti-démocratiques du régime (manque de transparence, ralliement par corruption et intimidation, bourrages des urnes, etc.), les résultats finaux sont gonflés à l'extrême afin de signaler aux Kabyles l'insignifiance de leur poids à l'échelle nationale. Par cette astuce, le Pouvoir vise la vexation des Kabyles pour les faire taire et ne pas servir d'exemple de militants pour la liberté et la démocratie pour le reste des Algériens.

3. Organisation de campagnes anti-kabyles

Pour souiller l'image des Kabyles trop gênants, le régime algérien met en œuvre d'autres moyens plus efficaces comme les médias. L'ENTV (chaîne publique de la télévision algérienne), fermée à l'opposition et diffusant tout sauf la vérité, bat le record dans l'insulte et la manipulation des esprits des Algériens contre la Kabylie et ses habitants. On se souvient très bien de la couverture de cette " machine à mentir " des événements du Printemps Noir, en particulier la grandiose marche du 14 juin 2001. Comme on ne peut oublier les propos insultants et mensongers de certains parlementaires lors des débats de l'APN sur les événements en questions, lesquels débats ont été transmis en direct par cette maudite chaîne. Même l'ex-chef de l'AIS (Armée Islamiste du Salut), Madani Merzag, (ex-chef terroriste repenti) a eu récemment la permission de l'Etat de s'exprimer sur les places publiques ou dans les colonnes de certains journaux anti-kabyles à la solde du régime, comme le quotidien arabophone " ech-chourouk ", pour jeter son venin sur toute la Kabylie.

4. Emploi de la triade "exil, emprisonnement, assassinat"

Pour vider la Kabylie de sa substance vitale qui la meut, le Pouvoir procède de plusieurs façons dont, plus efficace, la pratique de l'exil forcé, l'incarcération et l'assassinat. Les premiers Kabyles à être expulsés de l'Algérie dès l'Indépendance, et ce pour avoir été opposants aux visées panarabistes du régime d'alors, sont sans doute le chanteur Slimane Azem et le politicien Hocine Aït Ahmed, leader du FFS. Quelques années plus tard, c'est-à-dire durant la période qui s'étale de 1970 à 1980, une autre génération " de sécessionnistes, de marginaux et de fauteurs de trouble", selon les termes de la presse gouvernementale de cette période-là, apparaît et subit l'emprisonnement et tout ce qui s'ensuit de pire comme torture et humiliation. Les chanteurs Ferhat Mhenni et Lounis Aït Menguellet, les militants de la revendication amazighe dont Djamal Zennati, Mohamed Haroun, Lehsene Bahbouh, le président du quotidien pro-kabyle " Le Matin " Mohamed Benchicou, le caricaturiste Dilem Ali, et j'en passe, ont tous connus les geôles pour avoir refusé la politique assimilationniste et d'assujettissement prônée par le Pouvoir à l'égard des Kabyles. Puis comme ces pratiques se sont avérées inefficaces, le régime est soupçonné, voire impliqué par la vox populi d'avoir recouru à des assassinats masqués de différentes manières. Ainsi, l'écrivain Mouloud Mammeri, juste après les événements d'octobre 88 qui ont inauguré une nouvelle ère pour l'Algérie, une ère de multipartisme, de liberté d'expression et d'association, a trouvé la mort " accidentellement " avec sa voiture sur la route de Aïn Defla en rentrant du Maroc où il a participé à une rencontre de berbérisant. Aujourd'hui, personne en Kabylie ne croit à un simple accident de roulage. Le motif de sa liquidation est bien clair : certains effrayés de ce qu'un intellectuel de la trempe de Mammeri peut faire dans le domaine des libertés linguistique et culturelle dans le nouveau contexte n'ont pas hésité à " arranger " un dérapage. Le meurtre commis sur la personne de ce chercheur et écrivain talentueux marque, dans l'Algérie post-indépendance bien entendu, le début d'une série d'assassinat de valeureux Kabyles. Tahar Djaout, Smaïl Yefseh, Saïd Makbel, Lounas Matoub, ont tous été, d'une façon ou d'une autre, éliminés directement ou indirectement par les services occultes autour du Pouvoir et à chaque fois celui-ci attribue le meurtre, interrogatoire filmé par l'ENTV à l'appui, aux terroristes islamistes. La guerre que mène le régime totalitaire algérien contre la Kabylie depuis le soi-disant recouvrement de la souveraineté nationale n'a pas encore atteint tous ses objectifs, mais il faut quand même avouer que la région a subit de graves dégâts qui hypothèquent son avenir : les investisseurs locaux la désertent, les nationaux et les étrangers s'en méfient, les jeunes qui souffrent du chômage sombrent dans l'alcoolisme, la drogue et autres vices. Enfin tous les ingrédients d'une bombe qui déchiquetterait un jour le corps fragilisé de la société kabyle sont là. Il est donc urgent que les Kabyles abandonnent leurs querelles partisanes, qui réjouissent le Pouvoir, et s'unissent pour la sauvegarde de leur région.

Par Messaoudi Djaafar

    
Date : 2006-06-09 00:00:00

source: http://www.amazighworld.org/human_rights/algeria/index_show.php?Id=521


18/09/2008
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